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"Evaristo
est de la race des incorruptibles qu'aucun charme ne
peut dévoyer. Depuis le commencement, son métier d'artiste
est de désenfouir, d'exhumer où plutôt de désemmurer
ce qui gît dans le champ obscur de sa vision … Il revient
de ses fouilles en terre d'Espagne imaginaire et réaliste
avec des saints calcinés, des pélerins de cendre et
la horde de ceux qui crient avec leurs yeux charbonneux
et leurs bouches ouvertes sur la faim . Son énergie
d'homme du peuple au cuir buriné, il la communique aux
créatures des sépulcres dont il ouvre les portes sur
la lumière. Evaristo est un berger inspiré auquel le
pathétique est familier. Il est le chef d'une tribu
de personnages faméliques et prophétiques vociférants
au cœur des ténèbres. "
J.J. Lerrant
" De l'Ardèche, il a rapporté des crépuscules lourds
de mystères. Il y rode toujours cette force oppressante
dont la peinture d'Evaristo subodore la présence comme
une menace. Mais une sorte de majesté grandiose y chasse
la cruauté."
Jean
ROCHEDIX
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Résignant son ample générosité et cette tendance à user
de couleurs impétueuses, Evaristo accède maintenant
à un art d'une sobre et rare puissance. Ses toiles sombres
et dépouillées savent nous restituer la profondeur d'un
drame personnel aussi bien que la grandeur tragique
de l'Espagne, et c'est pourquoi elles nous paraissent
pleinement assumer la fonction de l'artiste : s'exprimer
soi en même temps qu'exprimer les autres."
Charles
JULIET
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Ses
maisons sont de plomb, ses ciels sont de sang, ses personnages
sont effrayants avec d'affreux trous noirs à la place
des yeux, avec des extases de saints ou des rictus de
démons. "
Raoult
CHRETIEN
"Avec une obstination, digne de susciter le plus grand
respect, Evaristo, poursuit son enquête capable de dénoncer
les cruautés et les ténèbres de l'existence. Le ton
parosyste est toujours systématiquement employé et c'est
à partir de la sensation exaspérée, qu' Evaristo affirme,
comme Nolde, Schmidt-Rottluff ou Rouault, sa participation
au monde."
René
DEROUDILLE
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Clefs précieuses pour entrer dans une oeuvre immense
et complexe. Vague par vague au fil des ans, elle a
roulé dans un chant profond, ample, grave, les christs
pathétiques, les angles rouges, les visages aux yeux
noirs, ouverts sur les interrogations éternelles ; les
têtes rondes qui glissent dans les abîmes de l'intemporel
; les personnages familiers d'une enfance toujours présente
; les corps qui se dressent dans un hiératisme bleu
; les rares paysages qui n'oublient jamais leur église
; les fulgurances des couleurs sur la pesanteur de la
boue originelle ... Evaristo qui, comme par hasard vient
du pays de Goya sait depuis toujours que la vie a le
goût de la misère, des larmes, du sang, du doute, mais
aussi de l'amitié et de l'amour. Son oeuvre le crie
avec une force et une poésie singulières. "
André GRIFFON
Extrait
de dossier de presse Rétrospective Evaristo
Hôtel de ville de Villeurbanne 19/10/1996 - 04/01/1997
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Lorsqu'Evaristo
passe la frontière espagnole en 1939, il a seize ans
et, sans doute, sait-il qu'il ne reviendra jamais sur
ses pas. Il choisit alors la banlieue Iyonnaise pour
oublier les années de souffrance, s'installe à Saint-Fons
où il fonde une famille avec Incarnation, qui lui donnera
trois enfants. Ils connaissent les années de misère.
Aussi Evaristo travaille durement à l'usine. Déjà, la
peinture a pris une place prépondérante dans son existence.
Charles Juliet, qui voue très tôt à l'homme et à son
œuvre une véritable admiration, dit (1) à propos des
années qui forgent l'identité du peintre : "Cette
obsession des visages qui caractérise l'œuvre d'Evaristo,
a sans doute sa source dans ce qu'il a vécu pendant
et après la guerre qui a éclaté dans son pays en 1936".
Ce sont, en effet, les exilés qui peuplent les premiers
tableaux (L'Exode, 1955), mais le peintre, au dedans
de scènes dramatiques, montre les facettes de sa vie
quotidienne (Les Ouvrières à Saint-Fons,1953).
L'expressionnisme d'Evaristo tient dans ce qu'il sait
de ses frères, les hommes, mais aussi et d'abord dans
l'omniprésence du Tout-Puissant, ce Dieu de miséricorde,
père de toutes vies.
L'œuvre sera aussi nourrie par les poètes. Evaristo,
dans sa manière, se prête au verbe, sa palette se joue
des mots. Kowalski lui donne son amitié, et lui ouvre,
avec Colette, les cimaises de la galerie K (de 1975
à 88), tandis qu'il illustre les ouvrages de Vuailliat
(Sacerdotales 1960), Busquet (Mes Espagnes,1973, Un
Héritage de la nuit,1976), Lardy (Eloge de la pierre
1977), Dugelay (La Lumière des ombres,1980).
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Gravillon
et Montmancix sont aussi des rencontres d'importance.
Juliet avoue volontiers être venu à la peinture grâce
à lui et - Calaferte, rentrant à Mornant, voyait des
toiles dans la vitrine de la mère Moulin (I'anecdote
est savoureuse) et ratait son car à Perrache, tant
il était rivé à la toile proposée aux regards dans
la vitrine de la galerie Bellecour ! En 1980, Louis
Calaferte rencontrera enfin le peintre et lui signifiera
son amitié (2).
Lorsqu'il quitte Lyon pour la terre ardéchoise, il
retrouve un peu du paysage aride de l'enfance espagnole.
Alors les montagnes deviennent des pierres-figures,
parlent en silence de la vie qui prédomine, tout comme
l'olivier, sculpté par l'homme, devient bois du supplicié,
effaçant tout le péché du monde.
Quand encore les personnages hurlent la difficulté
de l'existence terrestre, ils rendent grâce pour la
vie qu'ils transmettent. Alors, les toiles se parent
de titres explicites "Petit roi", "Etonnement", "Le
Cheval blanc d'Ariel~u Toutes rehaussent le ton, offrant
au quotidien, accès aux portes, jusque-là inaccessibles,
du sacré.
BERNARD
GOUTTENOIRE
(1 ) "Evaristo" textes de Ch. Juliet,
D. Lalay, J.J. Lerrant, J. Dugelay, C. Kowalski (éd.
DG). L'ouvrage a reçu le Prix du Livre 98 "Art et
Création du département du Rhône.
(2) Le 13 novembre 1980 Calaferte lin "Miroir de Janus,
carnets V, 1980?81" p. 151 éd. L'Arpenteur), évoque
sa rencontre avec Evaristo. "Il se dégage une impression
de force brute, de pouvoir élémentaire si vigoureux
qu'il exerce sur le spectateur une espèce de fascination"
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